Le coronavirus contamine l’économie aussi

Plus la pandémie durera, plus l’économie faiblira. Comment demander en même temps de s’isoler pour se protéger et d’emprunter les transports publics pour aller travailler ? Lorsque Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, martèle que « sécurité sanitaire et économique doivent aller de pair », il pratique un numéro d’équilibriste. Les injections de liquidités, reports de taxes, garanties de prêts, nationalisations… tout l’arsenal possible des aides aux entreprises et à l’économie n’enrayeront pas ce processus.

La Fed dans ses grands jours, l’Europe dans ses plus mauvais

Aux États-Unis, les craquements se multipliant au sein du système financier, la Fed a fait feu de tout bois. La plus spectaculaire mesure a été la baisse de son principal taux, qui va officiellement fluctuer entre 0 et 0,25%. Les bourses européennes ont toutefois continué à plonger et, en attendant l’ouverture de Wall Street, la baisse de 5% intervenue sur l’indice S&P 500 des futures n’augure rien de bon.

Les marchés se révoltent, du jamais vu

Les places européennes et Wall Street ont connu hier leur pire journée. Les investisseurs ont manifesté sans fard leur profond désarroi, comme s’ils attendaient un miracle qui ne vient pas. Connaissant bien leur monde, ils savent que les banques centrales peuvent tenir le système financier hors de l’eau mais pas soutenir l’économie qu’ils ressentent être en péril. Le déclencheur du rebondissement de la crise de 2007 que l’on cherchait dans les profondeurs du système financier est désormais connu et, oh surprise ! il est exogène.

Quand tout fout le camp

Les règles les plus intangibles ne sont pas faites pour être respectées quand les circonstances deviennent exceptionnelles. Que ce soient celles du « pacte de stabilité » européen ou bien du « déficit zéro » allemand. Angela Merkel l’a signifié hier et cela devient parole d’Évangile. Cela pose toutefois plusieurs questions : quelle va être l’ampleur de ce tournant, combien de temps va-t-il durer et comment pourra-t-il être revenu dessus ?

Face à la pandémie, la stratégie de l’ordre dispersé, sauf pour les réfugiés

Les choses deviennent sérieuses : les grandes banques n’avaient pas attendu pour tester leurs centres de secours, la BCE s’y met à son tour en demandant à ses 3.700 employés de rester travailler chez eux pendant une journée. Le signal d’alarme donné par la dégringolade boursière a été entendu à Francfort. Si des mesures de confinement s’imposaient, le spectacle devrait malgré tout continuer. Afin de s’en assurer, la BCE a demandé aux 120 banques qu’elle supervise de vérifier leur capacité à maintenir la continuité de leurs opérations lors de l’extension de la pandémie.

Divisions et indécisions dans les hautes sphères, une routine

L’habitude était prise, les banques centrales allaient régler tout cela, mais cela n’a pas marché ! La Fed a eu beau baisser en éclaireur son taux principal, elle a donné un coup d’épée dans l’eau. Les Bourses ont continué à flancher et Donald Trump dont c’est le baromètre lui a demandé de le baisser encore. Cela renvoie à une inconnue : comment remédier à une rupture des chaînes d’approvisionnement ?

À la recherche du temps perdu

L’équation financière est ainsi faite qu’il est bien souvent plus aisé de chiffrer les besoins de financement que d’y répondre. Illustrant cette fâcheuse constatation, les dirigeants européens vont devoir à la fois boucler leur budget pluri-annuel et dégager le financement des investissements des programmes de transition écologique et technologique. Mais comment y parvenir sans toucher à des contraintes budgétaires qu’ils ont mis moins de temps à adopter qu’ils vont en mettre pour les retoucher ?

La réévaluation de la BCE s’annonce petite pointure

À propos du climat, « c’est un danger de ne rien faire » ! Christine Lagarde a engagé la réévaluation de la stratégie et des moyens de la BCE en lançant cet avertissement. Tout en précisant que « ne pas essayer serait en soi un échec », signe qu’elle s’attend à des discussions tendues au résultat incertain. N’affichant pas un optimisme forcené pour le moins, elle a d’ailleurs ajouté que « nous devons au moins essayer d’explorer les domaines » dans lesquels la BCE peut agir.

Le serpent se mord le bout de la queue

Soucieuse de ne pas se froisser les ailes, Christine Lagarde se réfugie derrière une formule pour initiés en réclamant une « policy mix ». Par-là, les économistes entendent la combinaison coordonnée de la politique monétaire et budgétaire, supposant l’adoption d’un plan de relance. La même sempiternelle question est à nouveau posée, le déblocage du resserrement budgétaire qui le permettra est-il dans les tuyaux  ?